Test 02
2028
Une traversée photographique des Pyrénées.
Dans Cabanes, je transforme des cabanes de bergers en sténopé. Les murs sont blanchis avec un lait de chaux projeté, les ouvertures sont opacifiés avec de la bâche agricole noire. Un trou de quelques millimètres de diamètre permet la projection de l’image sur l’architecture intérieure de ces abris vernaculaires. J’enregistre cette projection à la chambre photographique.
Ces cabanes, cameras obscura temporaires, sont également mes chambres pour une nuit.
Le fil conducteur de ce travail est la relation de l’homme à ces espaces de montagnes, comment il les occupe et les représente ? Nourri par une vaste enquête documentaire entremêlant histoire, littérature, géographie et politique
; au rythme d’une photographie toutes les vingt-quatre heures, je m’attache à faire apparaître des images invisibles que seul le dispositif photographique peut donner à voir.
Guidé par les réflexions d’Yvan Droz et de Valérie Miéville-Ott dans leur ouvrage Polysémie du paysage, ce travail se développe le long des différents versants de l’anthropologie du paysage. Les auteurs font intervenir la notion d’intervisibilité : « un espace virtuel, un modèle construit à partir de données objectives qui n’existe pas indépendamment du regard, lui-même modélisé ».
Ces outils qui sont indispensables à la préparation et au repérage de mes prises de vues, englobent également tout le questionnement sur l’équilibre entre représentation objective et interprétation sensible. Cette relation au réel est présente dès le titre Vérité En Deça, … , Et Au Delà qui prend sa source dans une citation de Pascal : « Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au delà ». « Et Au Delà » ? est l’interrogation qui irrigue l’ensemble de cette traversée photographique.