Instantané contextuel pour l’espace public, Adolescences explore les espaces de la jeunesse. Comment les adolescent·e·s occupent-ils·elles les espaces ? Pourquoi choisissent-ils·elles certains lieux ? Qu’y fabriquent-ils·elles ?

Mi-enfant, mi-adulte, en même temps ni enfant ni adulte, l’adolescence ainsi nommée par les sociologues occidentaux est cette période de transition entre deux âges de la vie. L’adolescent·e se situe dans un état d’irresponsabilité provisoire, dans une sorte de no man’s land social, disait Pierre Bourdieu. C’est dans cet entre-deux que les adolescent·e·s occupent des espaces pour y faire groupe, pour y affirmer socialement des existences en questionnement. Quels sont ces espaces aujourd’hui ? Comment sont-ils occupés, habités, investis ?

Écrit à partir de rencontres, Adolescences part à la découverte des lieux visibles et invisibles qu’ils·elles occupent. Sous forme d’exposition, une collection de photographies d’adolescent·e·s s’affichent dans les rues en grand format. Ces mises en scène photographiques prennent le contrepied de l’image jetable. Mises en scène, elles offrent des visions de la jeunesse aux frontières de l’ordinaire et du singulier. Ces images sont l’œuvre d’un travail documentaire d’infusion.

Dans un second temps, Adolescences prend la forme d’un spectacle in situ. Un groupe de spectateurs se met en mouvement dans la ville et traverse différents paysages d’adolescence. Guidé par trois interprètes, il navigue entre micro-séquences fixes ou mobiles. Accompagnés par la voix de la photographe fictionnelle Sonya Berbec, le public croise sur son chemin photographies et paroles d’adolescent·e·s. Dans une esthétique cinématographique, ce spectacle oscille entre fiction et documentaire, entre présence d’images photographiques et théâtrales, et docu-fiction sonore.

Alix Denambride